Exceptionnel aquamanile en forme de lion en bronze avec incr - Lot 262

Lot 262
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Estimation :
80000 - 120000 EUR
Exceptionnel aquamanile en forme de lion en bronze avec incr - Lot 262
Exceptionnel aquamanile en forme de lion en bronze avec incrustations d'émaux bleu foncé et bleu clair, restes de dorure et yeux en pâte de verre rouge. Félin de forme trapue, debout sur des pattes courtes aux extrémités se terminant par des griffes stylisées ; tête sphérique aux yeux légèrement proéminents avec les paupières ourlées, le museau écrasé à la gueule ouverte muni du bec verseur, les oreilles petites et rondes, la queue passant sous le ventre et remontant le long du flanc gauche ; la crinière est traitée en petites boucles juxtaposées aux extrémités recourbées en crochet, chacune est incrustée d'un émail bicolore ; le cou et le dos de l'animal sont soulignés par une bande de métal soudée aux bords festonnés, s'évasant jusqu'à l'arrière-train pour devenir ensuite plus étroite jusqu'au départ de la queue ; cette bande est ornée d'une tresse dont les mèches sont émaillées de même que la crinière ainsi que le pinceau de la queue. L'ouverture de remplissage est située sur la tête, fermée par un clapet. Lotharingie, seconde moitié du XIIe siècle Hauteur : 17,3 cm - Longueur : 21,5 cm (usures à la dorure, très légers manques d'émaux) Provenance : ancienne collection Charles Boucaud Collection particulière RARE AQUAMANILE DU XIIE SIECLE Cet aquamanile figure parmi les plus anciens connus réalisés en Europe. Sa typologie est très éloignée des aquamaniles en forme de lion, dressé sur ses pattes, la tête altière, que produiront plus tard les ateliers d'Allemagne du nord, particulièrement en Basse-Saxe, et également plus au sud en Bavière, notamment à Nuremberg, aux XVe et XVIe siècles. Celui-ci, avec son corps ramassé, sa tête large et son museau court évoque encore l'art roman et son bestiaire hérité du Moyen-Orient. Rares sont les oeuvres de son époque qui peuvent être mises en relation. La plus proche, qui n'est cependant pas un aquamanile, est un pied de chandelier en forme de personnage chevauchant un lion, anciennement appelé " Samson et le lion " qui est conservé au musée du Louvre (inv. OA 9104, fig. a et b). Il est indiqué comme de Lotharingie (région s'étendant des Pays-Bas jusqu'au duché de Bourgogne, englobant la Lorraine actuelle) et de la seconde moitié du XIIe siècle. Bien qu'assis, le félin présente une morphologie semblable, notamment sa tête avec ses oreilles rondes et sa large gueule au museau écrasé ainsi que son corps ramassé, sa queue relevée contre son flanc, les mèches de la crinière dessinant des virgules. Réalisé en bronze doré, il n'est cependant pas enrichi d'émail. Le caractère particulièrement remarquable de cet aquamanile réside en effet par son décor incrusté d'émail bicolore, bleu foncé et bleu clair, et par le rajout d'une plaque soudée sur l'échine, reprenant les mêmes couleurs, venant ainsi souligner son dos tout en accentuant le caractère précieux de l'objet. Aucun autre aquamanile répertorié jusqu'ici ne semble proposer un décor émaillé polychrome. Seules deux autres pièces, vraisemblablement sorties d'un même atelier, d'une grande qualité d'exécution peuvent être rapprochées par leur technique. Il s'agit de griffons de fabrication luxueuse sur lesquels on observe un décor également incrusté, non d'émail mais de nielle : l'un est conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne (inv. Kunstkammer, 83, fig.c), l'autre au Victoria and Albert Museum (inv.1471-1870, fig. d). Après avoir été catalogués tous deux dans l'ouvrage de référence de Falke et Mayer comme Lotharingie, école de Verdun, seconde moitié du XIIe siècle, ils sont présentés aujourd'hui dans les notices muséales comme Mosan, vers 1120. Sans établir la moindre relation de qualité avec ces chefs-d'oeuvre d'orfèvrerie médiévale, il faut souligner l'originalité de cet aquamanile à la crinière émaillée qui constitue un exemple d'un particulier raffinement dans la production de ces objets emblématiques du Moyen Age. Celui-ci, dépourvu d'anse, par-là même particulièrement maniable, semble avoir été souvent utilisé, sa dorure en grande partie usée montrant aujourd'hui un bronze à la patine d'une belle profondeur. Ouvrages consultés : - O. von Falke et E. Meyer, Romanische Leuchter und Gefässe Giessgafässe der Gotik, Berlin, 1935-1983, Abb. 216a et b, 229, 230a et b. - P. Bloch, Aquamaniles - Objets sacrés et profanes du Moyen Age, Milan, 1982. - P. Barnet et P. Dandridge, Lions, Dragons, & other Beasts, Londres, 2006. - M. Brandt, Bild und Beste - Hildesheimer Bronzen der Stauferzeit, Hildesheim, 2008.
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