Guillaume APOLLINAIRE. Lettre autographe signée « Guillaume - Lot 19

Lot 19
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Guillaume APOLLINAIRE. Lettre autographe signée « Guillaume - Lot 19
Guillaume APOLLINAIRE. Lettre autographe signée « Guillaume Apollinaire », Paris 29 octobre 1918, à un « cher confrère » [Georges-Armand MASSON] ; 2 pages in-4 (27 x 21 cm) à en-tête du journal Le Siècle. Importante lettre inédite, quelques jours avant sa mort, sur son œuvre et sur Calligrammes, après le compte rendu par Masson dans Le Carnet critique. Apollinaire juge l’article sur Calligrammes « fort injuste » et plein d’inexactitudes. Ainsi il ne connait pas le Barnabooth de Valery Larbaud, à qui il n’a pas « emprunté la bougeotte », qu’il avait manifestée bien avant et « avec autrement de force que dans Calligrammes ! L’Enchanteur pourrissant est de 1898-1899. Il parut dans le Festin d’Esope en 1903. [ ] On y voit un chapitre qui se passe en même temps dans un grand nombre de lieux de l’univers fort éloignés l’un de l’autre. Les nouvelles qui composent l’Hérésiarque où il y a encore plus de bougeotte que dans l’Enchanteur avaient également paru à l’époque de Barnabooth puisque la plupart d’entre elles ont été publiés dans la Revue Blanche. Remarquez que je ne prétends nullement que cette bougeotte M. Larbaud me l’ait emprunté. Le Juif errant l’avait avant nous deux et Ulysse avant lui. D’autre part, où voyez-vous que j’aie lâché le cubisme ? C’est à dire que pour l’avoir défendu on m’a privé de la tribune où j’en pouvais parler. Mais où trouvez-vous que j’aie varié et défendu d’autres peintres que Matisse, Picasso, Braque, Derain qui sont ceux que j’ai toujours défendus et parmi lesquels Picasso et Braque sont tout le cubisme. Sans doute seriez-vous étonné de voir les contrastes que présentent leurs tableaux d’une année à l’autre. Je souhaite que dans votre manie d’immobilité vous ne me reprochiez point les variations de leur peinture. [ ] Quant à l’art nègre dont parlait M. André Billy il ne s’agissait point de ce que vous appelez des onomatopoèmes de M. P.A. Birot, mais bien des sculptures des nègres du Soudan, de l’Yatenga et des autres contrées de l’Afrique » Apollinaire a biffé les dernières lignes de la lettre et sa signature ; la lettre n’a donc probablement pas été envoyée sous cette forme ; la suite figure peut-être sur le brouillon joint. On joint le brouillon autographe (2 pages in-4 sur papier gris, 24,5 x 19,3 cm), très raturé et corrigé, présentant des variantes avec la mise au net, et un long développement commencé en marge et continué au verso : « Bref, je ne vous demande ni de comprendre ou de goûter. Mais puisque vous acceptez de remplir ce sacerdoce qu’est la critique, j’exige que vous me guidiez, sans quoi vous n’accomplissez pas la tâche que vous avez assumée. [ ] Vous tenez pour l’imitation, et trouvant que j’imite, vous me devez louer, m’engageant toutefois à voter pour des auteurs dont vous me donnerez la liste, les anciens par exemple. Au contraire, vous êtes pour l’originalité, et me devez louer également, car si à votre avis je n’invente point, je conduis toute innovation jusqu’à l’absurde. [ ] Mes livres n’encourent aucune responsabilité, je les dénie toutes. Ils sont ce qu’ils sont, ne proposent aucun modèle ou si les malheurs des temps veulent que la liberté d’écrire soit désormais à la merci d’une opinion fût-elle la vôtre mon cher confrère, autant cesser d’écrire ! » Un des tout derniers écrits d’Apollinaire, qui mourra le 9 novembre ; on ne connaît, après cette lettre du 29 octobre, restée inédite, qu’un billet à Pierre Reverdy du 31 octobre.
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