UN KLIMT POUR BEETHOVEN
Ce dessin, étude préparatoire pour une frise conçue en hommage au grand compositeur, se regarde comme un vrai bijou. La jeune femme, posant frontalement, fixe le spectateur et ne cherche pas à dissimuler sa nudité. De ses mains, elle encadre la partie inférieure de son visage. Tout, dans cette silhouette tracée à la pierre noire sur papier, exprime le style unique de son auteur, le Vien- nois Gustav Klimt. La Sécession viennoise prépare alors sa quatorzième exposition - qui se tiendra en 1902 au palais de la Sécession – et la dédie à Ludwig van Beethoven, voulant prouver une nouvelle fois l'interaction entre tous les arts. Josef Hoffmann dirige le projet et Klimt est choisi pour réaliser une monumentale fresque de plus de 34 mètres de long - sur 2,15 de haut - faisant écho à la Symphonie n° 9 du compositeur. Réalisée à l'aide de cou- leurs fascinantes, elle est aussi rehaussée d'or, de morceaux de miroir, de bijoux fantaisie pour lui donner plus d'effets encore. Le paroxysme est atteint dans le panneau central où, Typhon, figure simiesque démesurée, est entouré des pouvoirs maléfiques prenant l'appa- rence de jeunes femmes aussi effrayantes qu'envoûtantes. Ce nu de face est l'une d'elles, immédiatement reconnaissable même si les serpents n'ont pas encore envahi sa chevelure. Le dessin a été exposé à Paris, en 1984, à la galerie Berggruen, et illustré au catalogue. Il est aussi reproduit dans le catalogue raisonné du peintre établi par Alice Strobl (tome IV, page 112-113, n° 3454). La frise, composée de quatre mouvements, s'achève sur le thème de l'Ode à la joie". On souhaite la même fortune à cette vacation.
LOT 71 - Gustav KLIMT (1862-1918)
Nu debout de face, les mains devant la partie inférieure du visage
Pierre noire sur papier.
Monogramme « GK » à droite au centre et inscription « R » en bas à droite.
45 x 31 cm
Trace de scotch de fixation, froissures et légère insolation du papier.
Provenance :
- Galerie M. Knoedler, Zurich
- Galerie Berggruen, Paris
- Collection Jansem, Paris
Exposition :
- Paris, Galerie Berggruen, 1984, illustré au catalogue.
- Galerie Matignon, Paris.
Bibliographie :
- Catalogue raisonné de Gustave Klimt, par Alice Strobl, Die Zeichnungen 1878-1918, Tome IV, p. 112-113, illustré sous le n° 3454.
Cette créature fantastique dont la tête est entourée de serpents est souvent représentées avec ses deux sœurs, les trois femmes incarnant les forces du mal. En 1901, la Sécession viennoise cherche pour sa 14e exposition consacrée à la musique de Beethoven, à montrer l’interaction entre architecture, peinture, sculpture et musique. L’architecte Josef Hoffmann dirige le projet et réalise une installation incluant peinture, sculpture et architecture en mémoire de Beethoven. Klimt conçoit une fresque murale de sept panneaux, mesurant 34,14 mètres de long sur 2,15 mètres de haut et représentant la Neuvième Symphonie. La frise Beethoven est présentée pour la première fois au public en 1902, lors de cette exposition. L’œuvre est approuvée par Auguste Rodin, qui rencontre Klimt en 1902, et par Gustav Mahler lui même : pour lui, elle représente l’aspiration au bonheur de l’humanité souffrante, qui cherche son apaisement dans les arts. Mais elle fait l’objet de critiques violentes au nom de la morale.